- 25 à 30% du chêne récolté en France part à l’étranger pour y être transformé.
- Les scieries chêne fonctionnent à 60% de leurs capacités par manque de matière première. Certaines sont déjà au chômage technique ou en horaires réduits.
- 98% des Français estiment qu’il faut favoriser la transformation du bois français en France.
Avec 16 millions d’hectares de forêt, couvrant 29% du territoire, la France est à la tête de la 3e plus grande surface forestière d’Europe. La France est ainsi le 3e producteur mondial de chêne et le premier en Europe. Les Français sont très attachés à ce patrimoine et au savoir-faire forestier hexagonal. D’après une récente enquête1, ils sont plus de 9 sur 10 (94%) à estimer que la filière forêt- bois française doit être soutenue, car elle favorise le « Made in France ». Pourtant, les scieries françaises manquent de bois à transformer. Après une première alerte dès 2013 et des mesures conjoncturelles prises en 2015 par le Gouvernement de l’époque, la situation s’est de nouveau détériorée. Aujourd’hui, 25 à 30% de la collecte forestière nationale de chêne est exportée sans transformation alors que la majorité des pays forestiers concurrents a interdit une telle fuite de cette ressource brute, comme la Croatie, la Roumanie l’Ukraine ou la Chine2. La France est devenue « l’eldorado » des traders internationaux. En seulement 10 ans, les volumes de chêne brut (grumes de chêne) disponibles pour les scieries françaises ont été divisés par près de deux, passant de 2,45 millions de m3 en 2007 à seulement 1,25 millions de m3 en 2017.
Une situation jugée inadmissible par les Français. Ils sont près de 9 sur 10 (88%) à estimer anormal que le bois des forêts françaises soit exporté vers des pays étrangers pour y être transformé sans rien apporter à la chaîne de valeur en France. Pour en finir avec cette situation aberrante, tant en matière d’économie que d’empreinte écologique, la Fédération Nationale du Bois (FNB) demande aujourd’hui au Président de la République et au Gouvernement de prendre les mesures nécessaires au maintien de la transformation du bois en France, seul moyen de sauvegarder la filière et les emplois sur le territoire.
Perte de valeur ajoutée et emplois en danger pour toute une filière
La situation est catastrophique et met en danger 200 000 emplois français dans la filière de transformation du bois, dont 26 000 collaborateurs exerçant directement dans les scieries de chêne. Depuis 2005, 30 de ces entreprises ferment leurs portes chaque année. Elles ne sont plus que 550 sur le territoire, contre encore plus de 900 en 2005. En effet, la transformation du bois génère 10 à 20 fois plus d’emplois que l’exportation : on ne compte qu’un emploi en France pour 10 000 m3 de grumes exportés contre 10 à 20 emplois pour 10 000 m3 de grumes transformés sur le territoire. L’exportation de bois brut induit une perte cumulée de valeur tout au long de la chaîne : en effet, les transformations successives induisent de l’emploi en France, des recettes fiscales à chaque stade comme la TVA, les charges sociales et patronales, la fiscalité locale, etc…
Les Français plébiscitent la transformation du bois français sur le territoire hexagonal !
Les Français sont quasi-unanimes : 98% estiment préférable d’encourager la transformation du bois français en France. Pour 95% d’entre eux, les aides financières de l’État doivent même être réservées aux professionnels français du bois favorisant sa transformation en France.
Il faut dire que les Français ont un très fort attachement pour l’ensemble de la filière forêt-bois française : plus de 9 sur 10 (94%) jugent qu’elle doit être soutenue, car elle favorise le « Made in France ». Ils sont ainsi 9 sur 10 (90%) à estimer que cette filière représente un atout économique important pour la France. De plus, ils sont près de 9 sur 10 (89%) à estimer qu’elle contribue à entretenir les forêts et les paysages français et 87% qu’elle participe à l’aménagement des territoires hexagonaux.
Le maintien de la transformation du bois vitale pour la filière
En avril 2017, le futur Président Emmanuel Macron soulignait cette situation ubuesque de la France en matière de bois, la qualifiant de « l’un des plus grands scandales économiques que je connaisse ». Il ajoutait « Si on s’organise bien, en 10 ans, on peut devenir exportateurs alors que nous sommes aujourd’hui importateurs. » C’est pourquoi les professionnels de la filière forêt-bois, réunis au sein de la Fédération Nationale du Bois, tirent le signal d’alarme et appellent à relocaliser la transformation des grumes en France, là où elles sont produites et issues de l’héritage et du savoir- faire ancestral des forestiers français. Soutenue par les Français, qui sont plus de 9 sur 10 (91%) à se dire favorables à une initiative de l’État visant à limiter les exportations de bois brut français, la filière demande, en urgence, au Président de la République et au gouvernement deux séries de mesures :
- Des mesures techniques d’urgence en faveur de la transformation du bois en France pour limiter les fraudes à l’exportation de grumes de chêne, rééquilibrer l’approvisionnement des scieries françaises et enfin favoriser le marché national et l’exportation des produits transformés à base de bois Made in France.
- Des mesures structurelles indispensables à inscrire dans un grand plan de développement industriel de la filière à horizon 10 ans : l’objectif est de réaliser des investissements permettant à la filière chêne de continuer à innover et investir.
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1 Source : Enquête Fédération Nationale du Bois / CSA menée du 15 au 22 décembre 2017 auprès d’un échantillon représentatif de 1004 Français de 18 ans et plus.
2 Allemagne, Croatie, Bulgarie, Albanie, Roumanie, Hongrie, Russie, Ukraine, Chine, Gabon, Brésil, RDC, Philippines, Sri Lanka, Biélorussie, Cambodge, Cameroun, Canada, Costa Rica, Équateur, Fidji, Ghana, Guatemala, Honduras, Indonésie, Madagascar, Malaisie, USA, Nouvelle-Zélande, Vietnam, Pérou, Thaïlande : ces pays ont restreint ou interdit d’exportation de grumes.
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